Transcription de la chronique des évêques de Metz (BnF NAF 6699)
Contenu
Identifiant
Titre
Transcription de la chronique des évêques de Metz (BnF NAF 6699)
Créateur
Langue
frm
Description
Transcription partielle de la Chronique française des évêques de Metz : notices de Pierre de Luxembourg, Raoul de Coucy (1384-1415, folio 24) et Conrad Bayer (1415-1459), folios 24-28
Type
chronique
Format
pdf
Droits
tous droits réservés
Document
Transcription partielle
extracted text
Chronique française des évêques de Metz
Paris, BnF NAF 6699 f°24 r°-28 : Notices sur Pierre de Luxembourg, Raoul de Coucy et Conrad
Bayer
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10088940z/f51.item.zoom
Transcription : Léonard Dauphant
[24 r°] Sainctz Pierre de Lucembourg fut le LXXVe evesque de Metz et fut receu par chapitre le
jour de la Panthecoste l’an IIIC IIIIXX et IIII et morut en Avignon le IIIIe jours du mois de jullet
IIIC IIIIXX et VII. En son temp fut l’empereur Wisselin rois des Romains a Mets et resquist a la
clergie de Mets qu’ilz volcissent croire en pape Urbain de Rome et tenir pour evesque de Mets
messire Thiellement Wousse. Item en son temp vint davant Mets le conte de Sainctz Pol a IIIM
chevalz et se longerent a Anery1 sur le sire Nicolle de Heu, et y demoureront IIII jours. Et manda a
ceulx de Mets qu’il voulcissent deffaire les XIII eswardours que on avoit fait car ilz empeschoient
la juridiction de son frere l’evesque dessusdit, c’est assavoir des XIII.
Raoul de Coucy fut le LXXVIe evesque de Mets et fut receu par chapitre le jour dez Rois
mil IIIC IIIIXX et VII. Il tint l’eveschié XXVIII ans et fut translaté par permutacion a l’eveschié de
Noyon et la fina sa vie. Il estoit bel homme grant et puissant et de noble lignie.
Conrad Bayer de Boppert fut le LXXVIIe evesques de Mets et fut premier princier, receu
par chapitre de Mets le diemenche devant la Nativité saint Jehan Baptiste mil IIIIC et XVI 2. Il estoit
bial prelas, bon clerc saige riche et puissant de corp et de couraige. En son commencement il
gaingna Sougne et la fit abatre et fuit pris leans ly sire Nicolle Rourey 3 citains de Mets pour les
malz qu'il souffroit et faisoit faire de ladite plaice a ceulz qui par la passoient. Depuis print Awedeu 4
en la duchié de Lucembourg dont on faisoit guerre a son eveschié. Et pour lors qu'il la print estoit
plenne de prisonniers de son pays et d'ailleurs que tout furent a delivre. Il estoit homme de grant
gouvernement, amiables a ses biens veullans, rigoureux a ces ennemis. Il fit en son temp plusseurs
grans voiaiges pour le bien de son eveschié, en quoy prenoit grant consolacion. Il fut plusseurs fois
a court de Rome dever le pappe, a Constance et a Basle au concille que lors estoient. Après il
acomença a
1
2
3
4
Ennery.
Le 21 juin 1416.
BnF NAF 6719 : Nourey ; BM Metz 855 : Noiroy.
Audun-le-Roman (DicoTopo)
1
[v°] a retraire et raichiter les menbre de son eveschié que plusseurs de ces predecesseurs avoient
aliener pour tresgrosse somme d'or et d'ergent. Il racheta plusseurs grosses censive 5 et pension que
plusseurs nobles avoient chacun an sur lez sallines de Moyenvy et de Marsal car elle estoient sy
chergié que le prouffit ne peoit satiffaire 6 au debteur par les grant somme qu'estoient dessus
assignee. Il amanrit aulsi plusseurs grosse censive que ceulz de Mets avoient chacun an sur le seel
de la court de Mets. Il racheta les vaulz de Mets et de Remilley de la main d'iceulz. Il ait racheta
grant partie de Noye[.] et de ces appartenances du duc de Lorrenne et y ait fait faire le nouble
chastel qui est presentement, qui est le plus riche de murailles et de tour qui soit ou paiix alentour.
Son siege principal estoit a Vy ou il ait fait moult de bial haulz ouvraige ou chastel dedens et dehors
comme la veue le monstre. Il ait ediffié et fondé l'euglise Saint Françoys et y mis les premiers frere
de l'ordre et leurs donna tous ornemens a faire le divin service en leurs aministrant leurs vivre en
son chastel et toute leurs neccessité et ly ont encore, ouquel leu Dieu est dignement servir. Moyenvy
et Marsaul, ilz les soutint et amait fort comme bon subget, et fit faire en chacun lieu tres belle
demorance pour lui et ceulz que après lui vandront car par avant n'y avoit demorance pour tenir
estat [suscrit : de] prince. Ceulz de Salbourg 7 il les tint en toute doulceur et les tratiait benignement
longtemp jusque a aulcuns temp qu'ilz heurent differans desquel il les poursuit devant l'empereur en
quoy furent condampnés par sentence diffinitive comme encor appert par les jugement dudit
empereur et son grant conseil. Il raicheta une partie de Hombourg et Sainct Avolz que le duc de
Lorrenne tenoit. Il ret[i]ra Albestorff des mains Rodulff de Morsperg que de longue mains estoit
hors de l’eveschié de Mets et redifiat le chastel tout nuef par fason que son pareille n’est desai le
Rin. Il rachetait pareillement la Garde que les seigneurs de Blamont avoient bien anciennement qui
estoit du tout a ruyne. Il fit faire le grand estang, le moullin et depuis plusseurs aultres estangz
venant a grant proffit,
[f° 25 r°] car c’est ung lieu bien delitauble de chasse et de pescherie et ou il prenoit voluntier son
plaisir et esbatement. Moyen estoit es mains le sire d’Ogieviller et d’aultre que pareillement il
racheta et estoit poc de chose et de petite valleur. Il la fit moult haultement edifier et faire la plus
belle et fort maison qui soit desa les mont tellement que plusseurs en ont envie comme aultreffois
fait bien monstrer. Le ban de Saint Clement il l’aquasta de chapitre de Mets pour servir audit
Moyen. Il raicheta grant part de Baccarat que le duc tenoit et mist le chastel au point qu’il est a
grans frais et missions, car par avant c’estoit poc de chose. Il edifia le nuef couvant de freres carmes
et y avoit encomencier ung tres excellant ouvraige maix ceulx de Deneuvre, pour lors que l’evesque
avoit guerre es seigneurs de Blamont, ilz firent leurs vaillance et vinrent per nuit desrompe
5
6
7
Censive : rentes sur des terres engagées.
Satisfaire (DMF).
Sarrebourg (Moselle)
2
l’ouvraige qu’estoit moult richement encommencier dont guère de bien ne leurs vint depuis car
l’evesque fit amonner sa grosse bonbarde de Vy au lieu de Baccarat et la fit assigier contre les murs
de Denuevre et les partit tellement que nulz ne s’oizoit trouver trouver ou chastel ne en la ville et en
car et a tousjours s’en monstront les experiances. Encor retrahit il et racheta grant partie de
Ramberviller et du ban de Nossoncourt que de long temps estoit es mains du duc de Lorrenne et
redifia le chastel ou point qu’il est, que par avant estoit masière et de petite valleur. Il y fit faire les
moullin et le grant nuef baille qu’est entour le chastel, et la halle en mey la ville. Ceulz d’Espinal se
messirent encontre luy tellement qu’il les assiga et heust tres belle et nobles compaignies avec luy et
y fist traire ces bombardes par certain jours. Mais par le moyen de messire Jehan Loys de Theulliere
chevellier, accord en fuit fait et luy vinrent crier mercey et luy presenterent les cleif et fuit ledit
evesque depuis léans alors et par plusseurs fois ou il fut receu a grande honneur comme leurs
seigneurs et lui firent don de vaxelles d’or et d’argent et autrement, qu’il le print agréauble. Il
raicheta le ban dudit Espinal que messire Andreu de Jenville avoit tenu par gaigière longtemp. Ceuls
dudit Espinal et du ban sont tousjours esté bon obeissant
[25 v°] audit evsque et a ses predicesseurs senon depuis l’an mil IIIIC XLIIII environ le mois de
septembre que sans nulle cause se donnont eulz et la ville a roy Charle de France, se que faire ne
poioient, lequel par sinistre informacion les receut dont ledit evesque fit moult grans frais et
pourchas tant dever nostre Sainct Pere le pape comme dever le rois des Romains. Et depuis fut en
personne plusseurs fois dever ledit roys luy remonstrant son clerc droit, luy suppliant comme roy
tres crestien et piller de l’universaule esglise de le restitué en sa pocession. Apres y envoia par
diverse fois ses amis et ambassadeur en faisant tousjours son dobvoir pour avoir les menbres de son
esglise et nonobstant penne, labeur ne grant despence, ne pout rien obtenir et tout par les dons et
contraverse que iceulz d’Espinal faisoient a la court dudit roy a ceulz de son conseil, que contre Deu
les soustenoient. Bien lui presantoit ou recompance d’autre ville et revenues ou realme ou une
somme d’ergent, a quoy jamais ne se volt consentir, car il savoit bien que sans grande cherge de
Deu et de son esglise ne le dovoit ne peoit faire. Il fit mains bialz service a la duchié de Lorrenne et
de fais le monstra bien a duc de Bar le jour de la bataille de Bullegniville ou il fut prins et ransonner
une grande somme d’argent sans en avoir ayde ne confort dudit duc que pareillement il fut pris.
Touteffois, quelque grande perdes qu’il fist, onque n’en amanrist le demainne de son eveschié d’ung
deniers. Il heust mort et prins ledit jour plusseurs de son noble parenté. Messire Hanry Beyer
seigneurs de Chastel Brehain il fut mort et ung ou dous de ses filz ; messire Thiedri Bayer son frère
et frère dudit evesque il fut prins et grossement ransonné et dous bialz chevelliers ses filz tués et
plusseurs aultres de leurs sang qui fut ung notable service. Il fut encor ou service dudit seigneur duc
depuis devant Commercey car le seigneur dudit lieu faisoit faire grant pillerie sur tout le monde
3
partant de léans, et avoit ledit evesque une tres belle noble compaignie. Ses bonbardes et artillerie a
ceu servont tout a ces frais et missions, et par une nuit, se se ne fut esté la condute et couraige dudi
evesque, tout le siege se levoit ou desarroy pour une nouvelle que leurs estoit sourvenue, mais ledit
evesque mis tout en bonne ordre,
[f°26 r°] autrement le duc y heust heu honte et dompmaige. Avint que le roialme de Naples et de
Sicille eucheut audit seigneur duc par le trespas du roys Loys son frere et se disposait d’en aller
pranre le joïssement et y monait sa femme, fille du duc Charle de Lorrenne. Il priait a l’evesque
d’avoir le gouvernement de ses paiis de Bar et de Lorrenne, ceu qu’il fit bien envis car assés pansoit
que par euvre luy en pouhat mal avenir. Et touteffois pour la tres grande amour qu’il avoit au duc et
a pays il en prit la cherge et en fit tout le bien qui onque pout. Après le partement du duc pour aller
ou roialme de Naples, le conte Anthonne de Waudemont acommensait a faire grant guerre au pays
de Bar et de Lorenne et avoit en son ayde plusseurs Picardz et roubers de France, assavoir Anthonne
de Chabonne et Flocquet de Flouques et Fort d’Espice, lesquelz ou nom dudit conte gaingnont la
ville de Mirecourt par eschielle ou ilz firent moult grant domaige, car toute la ville fut [biffé : pillee]
pilliee et butenee et de la fasoient tous les jours grans dompmaiges sur les pays. L’avesque fit toute
la resistance qu’ilz peut tant de ses propes gens et amis comme des nobles des pays de Bar et de
Lorrenne mais pourtant que ledit conte avoit grant puissance de gens, fuit force a l’evesque et ceulz
des pays avoir gens d’armes estranges ou aultrement le conte les heust suppediter comme
encomencier l’avoit. Il heurent en aide La Hiere et plusseurs autres cappitainne de France a grant
nombre a qui on donnoit grant gaige et furent mis par garnison au plaice du pays ou il furent par
ung temps. L’evesque trouva fesson que Floquet, qu’estoit cappitainne dedens Mirecourt, le remist a
son premier estas, assavoir il la randit a l’obeissance de Lorrenne sans le sceu ne volunté du conte
de Waudemont. Pareillement fuit tellement parlementer a Anthonne de Chabonne qui fit le cas
pareille de la ville et chastel de Viselize, qu’est heritaige dudit conte, et fut par ce abatue et
demolue. Se ne fut pas sans leurs donné grans somme d’argent que tout faillit venir de la bourse de
l’evesque. Quand la chose fut appaisantee et que on volt donné congier aus capitainne et rotiet pour
[f° 26 v°] despartir des paiis, il n’en volient rien faire et dirent qu’il ne partirent des plaices ou ilz
estoient qu’ilz ne fuissent paiiés de leurs gaiges et promesses que on leurs avoit fais, et acomensont
a pillers sur tout le monde, amis et ennemis. L’evesque voians les grant dopmaiges qui en venoient
et poioient venir fit tant que du sien essembla une tres grand somme d’or et d’argent et presta a
paiis, de quoy furent paiiez et contanter icelle gens d’armes. Par quoy il vendont les paiis et moult
envis et s’en tirerent vers Strabourg et par le paiis d’Allemengne ou il firent grand dopmaiges et de
la par la Bourgoingne ou paiis de France. Quant les paiis furent bien appaisiés et tous mis en bonne
police, l’evesque desirait d’estre asurer de son or et ergent que pour le duc et ses paiis avoit
4
debourcé, pensant que veu le grant bien que par ly et le sien en estoit venu aus paiis et a tous les
subgetz, chacun endroit soy en feroit sa dilligences. Maix Envie et Malvitié que onque ne fut morte
se mist en aulcuns contre l’evesque par fesson que ung appellés Waultrin Hassar prebtre s’en alla ou
roialme dever le duc et la duchesse et leurs fit plusseurs informacion non veritauble contre
l’evesque telle qu’ilz donnont ordonnance audit Hassard et aultre de le pranre et enprisonner. De
quoy ne dargon gaire d’en faire leur devoir et escriprent a l’evesque que a certain jours se trouvait
au lieu d’Amance et la avient cherge de besoignié avec luy touchant son paiement. La lettre et les
parolles estoient doulce maix le fais estoit desloial comme il s’apparut. L’evesque estoit feauble et
prudant seigneur et ne cuidoit point que on le voucist paier de telle monnoie et a jour que on luy
escript, s’en alla a Mance et la trouva ledit Hassart et aultres officiers des paiis qui le receurent
comme Judas fit Jhesucrist en buvant et mengant les aucuns avec luy en luy disant qu’il heu
pacience que plusseurs autres conseilliers des pays vanroient assés tost. Et alors encomencèrent a
besongnier en la matière dont il estient la venu. Le jour se passa, l’evesque souppa, après allait a
son repos sans pancer mal. Environ mynuit qu’il estoit en son premier somp, Hassart et Gondaire et
plusseurs
[f° 27 r°] aultres mauvais, cum gladiis et fustibus, vinrent rompre l’uix et la chambre ou il gisoit et
par force le prinrent et le blessèrent jusques efusion de sang, et vituperissement l’emmenont quasi
comme tous nudz sans chaulce ne chemise senon d’un vilz abilement sur .I. malvais chevaulx. Et
faisoit si froit que a peu le bon seigneur ne fuit mort subitement et en celle faison l’emmenont a
Condé. Dieu scet les deshonneste parolles qui ly disoient et a ce faire estoit Willame de
Dompmartin, que depuis fut mort enragiez, et Waultrin de Thieulliere qui pareillement ait esté
pendu et astrangler et merito. Ilz le mirent en la plus deshonneste chambre de Condé ou il avoit
pour lui rechauffier plus fumiere que feu et la l’enserront et le mirent en garde au plus malvais
tirans villains du valz de faulz pour lui tousjours faire plus de desplaisir. Se fut rendu mal pour bien,
dont a tousjours serait fais mencion. Se l’evesque voult estre quité et delivré, il le convint tout quiter
et l’or et l’ergent qu’il avoit prester et avec ceu son obligation en aultres grosses somme d’or et
d’argent de quoy leurs bourse ne fuit gaire enflee, a son honneur et a leurs honte et confusion
perpetuelle. Il fuit depuis en grant volour de faire grant guerre au paiis de quoy il avoit bien
puissance car il heust plusseurs belle armee tant de ceulz de son sang comme d’aultre nobles et gens
de bien, et avoit ses plaice tres bien fourniez car c’estoit tousjours sa coustume de vivre de grande
provision. Maix il avoit tousjours en son couraige que la honte domaige et outraige que on luy avoit
fais ne mouvoit point du couraige du seigneur duc, ainsoy estoit par lez fault et sinistres rapport que
ceulx sy devant nommers lui avoient fais. Par ainsi ne fit point ceu que bien heu peu faire dont
plusseurs en dirent ceu que leurs pleust, l’ung en bien et l’autre autrement. Il heust depuis bon
5
accord au duc jusques a sa mort et lui pardonna son matallent a Taillebourg en Sainctenge ou
l’evesque estoit dever le roy Charle par son pourchas d’Espinal comme si devant est fait mencion.
L’evesque mis le siege
[f°27 v°] devant le chastel de Thieulliere que lui faisoit guerre et fut prins, ars et desmolu et y
estoient les gens de la duchié de Lorrenne, mais les plusseurs faisoient plus de faveur audit
Thulliere que a l’evesque. Il estoit si bien acompaignié des subget de son eveschié qu’il estoit
reconforté de tout. Il estoit prou et hardis de sa personne et de grant traveil et ne crendoit guerre une
maigre menasse. Ung capitainne de France appellé Joachin Roubaul estant a l’abbaie de Gorze
qu’est fondacions des evesques de Mets, vint assigier a grant nombre de gens d’armes le fort
mostier d’Ancey près de Mets. L’evesque fit son assemblee et en brief y tirait en personne avec ses
gens d’armes et les bourgois de son pays jusques a Montigney devant Mets ou il n’ait que une petite
liewe jusques Ancey, et le matin partit pour combaitre le siege. Ses gens et subget ne volient souffrir
que sa personne allait plus avant ou aultrement retourneriens tous, et bien envis les abandonnait ;
touteffois faire le convint. Ses8 gens tirent oultre en belle ordonnance tellement que le siege se levait
en desaroy et passont la ryviere de Mezelle nonobstant qu’il estoient troup fort de gens d’armes plus
que ceulz de l’evesque. Aucuns de Mets vinrent sependant que l’une des parties estoient en batailles
contre l’autre et parlementerent entre deux tellement que la chose fut pour lors appasantee a
l’onneur de l’evesque. Depuis par trahison ledit Joachin gaingnont ledit monstier ou il fit ung très
grant domaige. En l’an jubilé d’an, il s’en alla a Rome et la fut il par le Sainct Siege absolt de tous
ceu qu’il poioit avoir fais par fait de guerre et autrement, car c’estoit en soutenant le drois de son
eveschié : se il ne se eut deffandu, on ne li eust laissier pain a mengier, comme l’experiance se
demonstrait de plusseurs que guaire n’en gaingnont. Quant il fut retournés de Romme, il maintint
son pays en bonne paix et union avec ses voisins et fit puis maint biault raichat et edifiement par ces
villes et chastel et les fournis de tous biens de grans habondance. Il fit par toute les plaices de
l’eveschié une chose que par raison ne doit demouré en la plume, car quant il devint evesque il
n’avoit nulz meubles en ces dictez plaice au moins poc en y avoit, mais quant il
[f° 28 r°] voulloit aller de l’une a l’autre, il falloit panre es hostel de ses bourgois tout ceu qu’il
falloit pour l’estas, lictz, potz, pelles et generalment toutes autres besongnes a ceu servant, dont
plusseurs s’en perdoit par maullegarde ou aultrement, perquoy les pouvres en avoient très grand
dompmaige et encombriei. Il y ait donné remeide parquoy n’est ne serait jamaix necessité de ceu
faire, car par toutez lez villes et plaice de l’eveschié sont sy hautement fournie de tous riche meblez
que on ne sceis seigneur vivans qu’il en aye le pareil pour recepvoir en chascun lieu roy, duc et
conte avec leurs compaigniez. C’est une belle besongne, de quoy a chascun jours on prie pour luy et
8
Ceux de Joachim Rouhaut.
6
prierons a tousjoursmaix. Il ait fort amé son eveschiés et grandement tirer de l’avancier et il l’ait
bien monstrer car davant sa fin, doubtant que, sans la proveon d’un boin pastour aiant puissance de
la maintenir et garder il trespassoit de ce monde, elle poulroit estre en discord par don de pappe ou
election de chapitre, pourquoy poroit estre destruite comme plusseurs autres ont estee et sont encor
comme l’experiance fait monstree assés près, ait eslieu son coadjuteur le fil de noble marquis de
Baulde appellé par son nom George, qui ait empetré au Sainct Siege apostolique d’obtenir
l’eveschié après luy par consentement de chapitre et de tous les haulz hommes, nobles et aultres de
l’eveschié. Et en son vivans l’en mist en possession en recepvant le sermens de tous ceulx a qui il
appartenoit. Apres ceu fait, il fonda la chappelle episcopaulle qu’est en la grande esglise de Mets
laquelle il ait fait faire nuesve comme il appert et donnait or et argent manuelement a chapitre de
Saint Thiebal davant Mets pour acquester rentes et revenues pour y faire chascun jour le service
divin a tousjoursmaix en quoy ils sont obligier de ceu faire et de prier pour luy et tous ces
predicesseurs et successeurs après luy. Quant il heu pourveu son amme, il fit son ourdonnance et
dairienne volunté de ses biens mondains tant audit seignour George de Baulde son coadjuteur
comme ses amis charnel et aultres ses servant chascun selon luy tellement que tous furent très
contant de ly, aussi donnait de ses biens a plusseurs euglise et a aultre pouvre gens que chascun jour
prie pour luy. Il ne vol point que nulle des plaice de l’eveschié fuisse de rien desfournie de chose
quelconque qu’il fuit, tant vivre comme meubles, ainsy que chascune demorait ainsy fournie
[f°28 v°] comme elle estoient. Il fut environ XV jours au lit en la plus clere et belle memoire et en la
plus digne repentance que homme mortel puis avoir aians tousjours la glorieuse Vierge en sa bouche
et devant ses eulz, luy criant mercey de sy grant [fourenne ?] de cuer, et tousjours frerez courdeliers
et aultre gens d’Esglise a l’entour de luy et afferment tous ceulx que la estoient que ne virent onque
sy belle fin. On ne refusoit personne aller le veoir en la vie ne en la mort car ainsy le volt. Il regna
quarante quaitre ans evesque de Mets desoubz pappe Jehan, pape Martin, pape Eugene, Felix de
Savoye, pape Nicolais et pape Calixte, Sigismunde et Friedrich empereur et roy des Romains. Il
trespassa de ceu monde le vanredi XXe jours d’apvril l’an mil IIIIC cinquante nuefz et fuit
exellamment et a grans pleurs ensevelly en sa dicte chappelle. Prions Dieu le tout puissans que luy
faice graice et mercey et dont graice a celluy qui est de present, qu’il puisse tellement gouverné
parquoy son haul nom soit asaulsié et alever au proffit de son ame et de toute son eveschié. Amen.
7
Paris, BnF NAF 6699 f°24 r°-28 : Notices sur Pierre de Luxembourg, Raoul de Coucy et Conrad
Bayer
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10088940z/f51.item.zoom
Transcription : Léonard Dauphant
[24 r°] Sainctz Pierre de Lucembourg fut le LXXVe evesque de Metz et fut receu par chapitre le
jour de la Panthecoste l’an IIIC IIIIXX et IIII et morut en Avignon le IIIIe jours du mois de jullet
IIIC IIIIXX et VII. En son temp fut l’empereur Wisselin rois des Romains a Mets et resquist a la
clergie de Mets qu’ilz volcissent croire en pape Urbain de Rome et tenir pour evesque de Mets
messire Thiellement Wousse. Item en son temp vint davant Mets le conte de Sainctz Pol a IIIM
chevalz et se longerent a Anery1 sur le sire Nicolle de Heu, et y demoureront IIII jours. Et manda a
ceulx de Mets qu’il voulcissent deffaire les XIII eswardours que on avoit fait car ilz empeschoient
la juridiction de son frere l’evesque dessusdit, c’est assavoir des XIII.
Raoul de Coucy fut le LXXVIe evesque de Mets et fut receu par chapitre le jour dez Rois
mil IIIC IIIIXX et VII. Il tint l’eveschié XXVIII ans et fut translaté par permutacion a l’eveschié de
Noyon et la fina sa vie. Il estoit bel homme grant et puissant et de noble lignie.
Conrad Bayer de Boppert fut le LXXVIIe evesques de Mets et fut premier princier, receu
par chapitre de Mets le diemenche devant la Nativité saint Jehan Baptiste mil IIIIC et XVI 2. Il estoit
bial prelas, bon clerc saige riche et puissant de corp et de couraige. En son commencement il
gaingna Sougne et la fit abatre et fuit pris leans ly sire Nicolle Rourey 3 citains de Mets pour les
malz qu'il souffroit et faisoit faire de ladite plaice a ceulz qui par la passoient. Depuis print Awedeu 4
en la duchié de Lucembourg dont on faisoit guerre a son eveschié. Et pour lors qu'il la print estoit
plenne de prisonniers de son pays et d'ailleurs que tout furent a delivre. Il estoit homme de grant
gouvernement, amiables a ses biens veullans, rigoureux a ces ennemis. Il fit en son temp plusseurs
grans voiaiges pour le bien de son eveschié, en quoy prenoit grant consolacion. Il fut plusseurs fois
a court de Rome dever le pappe, a Constance et a Basle au concille que lors estoient. Après il
acomença a
1
2
3
4
Ennery.
Le 21 juin 1416.
BnF NAF 6719 : Nourey ; BM Metz 855 : Noiroy.
Audun-le-Roman (DicoTopo)
1
[v°] a retraire et raichiter les menbre de son eveschié que plusseurs de ces predecesseurs avoient
aliener pour tresgrosse somme d'or et d'ergent. Il racheta plusseurs grosses censive 5 et pension que
plusseurs nobles avoient chacun an sur lez sallines de Moyenvy et de Marsal car elle estoient sy
chergié que le prouffit ne peoit satiffaire 6 au debteur par les grant somme qu'estoient dessus
assignee. Il amanrit aulsi plusseurs grosse censive que ceulz de Mets avoient chacun an sur le seel
de la court de Mets. Il racheta les vaulz de Mets et de Remilley de la main d'iceulz. Il ait racheta
grant partie de Noye[.] et de ces appartenances du duc de Lorrenne et y ait fait faire le nouble
chastel qui est presentement, qui est le plus riche de murailles et de tour qui soit ou paiix alentour.
Son siege principal estoit a Vy ou il ait fait moult de bial haulz ouvraige ou chastel dedens et dehors
comme la veue le monstre. Il ait ediffié et fondé l'euglise Saint Françoys et y mis les premiers frere
de l'ordre et leurs donna tous ornemens a faire le divin service en leurs aministrant leurs vivre en
son chastel et toute leurs neccessité et ly ont encore, ouquel leu Dieu est dignement servir. Moyenvy
et Marsaul, ilz les soutint et amait fort comme bon subget, et fit faire en chacun lieu tres belle
demorance pour lui et ceulz que après lui vandront car par avant n'y avoit demorance pour tenir
estat [suscrit : de] prince. Ceulz de Salbourg 7 il les tint en toute doulceur et les tratiait benignement
longtemp jusque a aulcuns temp qu'ilz heurent differans desquel il les poursuit devant l'empereur en
quoy furent condampnés par sentence diffinitive comme encor appert par les jugement dudit
empereur et son grant conseil. Il raicheta une partie de Hombourg et Sainct Avolz que le duc de
Lorrenne tenoit. Il ret[i]ra Albestorff des mains Rodulff de Morsperg que de longue mains estoit
hors de l’eveschié de Mets et redifiat le chastel tout nuef par fason que son pareille n’est desai le
Rin. Il rachetait pareillement la Garde que les seigneurs de Blamont avoient bien anciennement qui
estoit du tout a ruyne. Il fit faire le grand estang, le moullin et depuis plusseurs aultres estangz
venant a grant proffit,
[f° 25 r°] car c’est ung lieu bien delitauble de chasse et de pescherie et ou il prenoit voluntier son
plaisir et esbatement. Moyen estoit es mains le sire d’Ogieviller et d’aultre que pareillement il
racheta et estoit poc de chose et de petite valleur. Il la fit moult haultement edifier et faire la plus
belle et fort maison qui soit desa les mont tellement que plusseurs en ont envie comme aultreffois
fait bien monstrer. Le ban de Saint Clement il l’aquasta de chapitre de Mets pour servir audit
Moyen. Il raicheta grant part de Baccarat que le duc tenoit et mist le chastel au point qu’il est a
grans frais et missions, car par avant c’estoit poc de chose. Il edifia le nuef couvant de freres carmes
et y avoit encomencier ung tres excellant ouvraige maix ceulx de Deneuvre, pour lors que l’evesque
avoit guerre es seigneurs de Blamont, ilz firent leurs vaillance et vinrent per nuit desrompe
5
6
7
Censive : rentes sur des terres engagées.
Satisfaire (DMF).
Sarrebourg (Moselle)
2
l’ouvraige qu’estoit moult richement encommencier dont guère de bien ne leurs vint depuis car
l’evesque fit amonner sa grosse bonbarde de Vy au lieu de Baccarat et la fit assigier contre les murs
de Denuevre et les partit tellement que nulz ne s’oizoit trouver trouver ou chastel ne en la ville et en
car et a tousjours s’en monstront les experiances. Encor retrahit il et racheta grant partie de
Ramberviller et du ban de Nossoncourt que de long temps estoit es mains du duc de Lorrenne et
redifia le chastel ou point qu’il est, que par avant estoit masière et de petite valleur. Il y fit faire les
moullin et le grant nuef baille qu’est entour le chastel, et la halle en mey la ville. Ceulz d’Espinal se
messirent encontre luy tellement qu’il les assiga et heust tres belle et nobles compaignies avec luy et
y fist traire ces bombardes par certain jours. Mais par le moyen de messire Jehan Loys de Theulliere
chevellier, accord en fuit fait et luy vinrent crier mercey et luy presenterent les cleif et fuit ledit
evesque depuis léans alors et par plusseurs fois ou il fut receu a grande honneur comme leurs
seigneurs et lui firent don de vaxelles d’or et d’argent et autrement, qu’il le print agréauble. Il
raicheta le ban dudit Espinal que messire Andreu de Jenville avoit tenu par gaigière longtemp. Ceuls
dudit Espinal et du ban sont tousjours esté bon obeissant
[25 v°] audit evsque et a ses predicesseurs senon depuis l’an mil IIIIC XLIIII environ le mois de
septembre que sans nulle cause se donnont eulz et la ville a roy Charle de France, se que faire ne
poioient, lequel par sinistre informacion les receut dont ledit evesque fit moult grans frais et
pourchas tant dever nostre Sainct Pere le pape comme dever le rois des Romains. Et depuis fut en
personne plusseurs fois dever ledit roys luy remonstrant son clerc droit, luy suppliant comme roy
tres crestien et piller de l’universaule esglise de le restitué en sa pocession. Apres y envoia par
diverse fois ses amis et ambassadeur en faisant tousjours son dobvoir pour avoir les menbres de son
esglise et nonobstant penne, labeur ne grant despence, ne pout rien obtenir et tout par les dons et
contraverse que iceulz d’Espinal faisoient a la court dudit roy a ceulz de son conseil, que contre Deu
les soustenoient. Bien lui presantoit ou recompance d’autre ville et revenues ou realme ou une
somme d’ergent, a quoy jamais ne se volt consentir, car il savoit bien que sans grande cherge de
Deu et de son esglise ne le dovoit ne peoit faire. Il fit mains bialz service a la duchié de Lorrenne et
de fais le monstra bien a duc de Bar le jour de la bataille de Bullegniville ou il fut prins et ransonner
une grande somme d’argent sans en avoir ayde ne confort dudit duc que pareillement il fut pris.
Touteffois, quelque grande perdes qu’il fist, onque n’en amanrist le demainne de son eveschié d’ung
deniers. Il heust mort et prins ledit jour plusseurs de son noble parenté. Messire Hanry Beyer
seigneurs de Chastel Brehain il fut mort et ung ou dous de ses filz ; messire Thiedri Bayer son frère
et frère dudit evesque il fut prins et grossement ransonné et dous bialz chevelliers ses filz tués et
plusseurs aultres de leurs sang qui fut ung notable service. Il fut encor ou service dudit seigneur duc
depuis devant Commercey car le seigneur dudit lieu faisoit faire grant pillerie sur tout le monde
3
partant de léans, et avoit ledit evesque une tres belle noble compaignie. Ses bonbardes et artillerie a
ceu servont tout a ces frais et missions, et par une nuit, se se ne fut esté la condute et couraige dudi
evesque, tout le siege se levoit ou desarroy pour une nouvelle que leurs estoit sourvenue, mais ledit
evesque mis tout en bonne ordre,
[f°26 r°] autrement le duc y heust heu honte et dompmaige. Avint que le roialme de Naples et de
Sicille eucheut audit seigneur duc par le trespas du roys Loys son frere et se disposait d’en aller
pranre le joïssement et y monait sa femme, fille du duc Charle de Lorrenne. Il priait a l’evesque
d’avoir le gouvernement de ses paiis de Bar et de Lorrenne, ceu qu’il fit bien envis car assés pansoit
que par euvre luy en pouhat mal avenir. Et touteffois pour la tres grande amour qu’il avoit au duc et
a pays il en prit la cherge et en fit tout le bien qui onque pout. Après le partement du duc pour aller
ou roialme de Naples, le conte Anthonne de Waudemont acommensait a faire grant guerre au pays
de Bar et de Lorenne et avoit en son ayde plusseurs Picardz et roubers de France, assavoir Anthonne
de Chabonne et Flocquet de Flouques et Fort d’Espice, lesquelz ou nom dudit conte gaingnont la
ville de Mirecourt par eschielle ou ilz firent moult grant domaige, car toute la ville fut [biffé : pillee]
pilliee et butenee et de la fasoient tous les jours grans dompmaiges sur les pays. L’avesque fit toute
la resistance qu’ilz peut tant de ses propes gens et amis comme des nobles des pays de Bar et de
Lorrenne mais pourtant que ledit conte avoit grant puissance de gens, fuit force a l’evesque et ceulz
des pays avoir gens d’armes estranges ou aultrement le conte les heust suppediter comme
encomencier l’avoit. Il heurent en aide La Hiere et plusseurs autres cappitainne de France a grant
nombre a qui on donnoit grant gaige et furent mis par garnison au plaice du pays ou il furent par
ung temps. L’evesque trouva fesson que Floquet, qu’estoit cappitainne dedens Mirecourt, le remist a
son premier estas, assavoir il la randit a l’obeissance de Lorrenne sans le sceu ne volunté du conte
de Waudemont. Pareillement fuit tellement parlementer a Anthonne de Chabonne qui fit le cas
pareille de la ville et chastel de Viselize, qu’est heritaige dudit conte, et fut par ce abatue et
demolue. Se ne fut pas sans leurs donné grans somme d’argent que tout faillit venir de la bourse de
l’evesque. Quand la chose fut appaisantee et que on volt donné congier aus capitainne et rotiet pour
[f° 26 v°] despartir des paiis, il n’en volient rien faire et dirent qu’il ne partirent des plaices ou ilz
estoient qu’ilz ne fuissent paiiés de leurs gaiges et promesses que on leurs avoit fais, et acomensont
a pillers sur tout le monde, amis et ennemis. L’evesque voians les grant dopmaiges qui en venoient
et poioient venir fit tant que du sien essembla une tres grand somme d’or et d’argent et presta a
paiis, de quoy furent paiiez et contanter icelle gens d’armes. Par quoy il vendont les paiis et moult
envis et s’en tirerent vers Strabourg et par le paiis d’Allemengne ou il firent grand dopmaiges et de
la par la Bourgoingne ou paiis de France. Quant les paiis furent bien appaisiés et tous mis en bonne
police, l’evesque desirait d’estre asurer de son or et ergent que pour le duc et ses paiis avoit
4
debourcé, pensant que veu le grant bien que par ly et le sien en estoit venu aus paiis et a tous les
subgetz, chacun endroit soy en feroit sa dilligences. Maix Envie et Malvitié que onque ne fut morte
se mist en aulcuns contre l’evesque par fesson que ung appellés Waultrin Hassar prebtre s’en alla ou
roialme dever le duc et la duchesse et leurs fit plusseurs informacion non veritauble contre
l’evesque telle qu’ilz donnont ordonnance audit Hassard et aultre de le pranre et enprisonner. De
quoy ne dargon gaire d’en faire leur devoir et escriprent a l’evesque que a certain jours se trouvait
au lieu d’Amance et la avient cherge de besoignié avec luy touchant son paiement. La lettre et les
parolles estoient doulce maix le fais estoit desloial comme il s’apparut. L’evesque estoit feauble et
prudant seigneur et ne cuidoit point que on le voucist paier de telle monnoie et a jour que on luy
escript, s’en alla a Mance et la trouva ledit Hassart et aultres officiers des paiis qui le receurent
comme Judas fit Jhesucrist en buvant et mengant les aucuns avec luy en luy disant qu’il heu
pacience que plusseurs autres conseilliers des pays vanroient assés tost. Et alors encomencèrent a
besongnier en la matière dont il estient la venu. Le jour se passa, l’evesque souppa, après allait a
son repos sans pancer mal. Environ mynuit qu’il estoit en son premier somp, Hassart et Gondaire et
plusseurs
[f° 27 r°] aultres mauvais, cum gladiis et fustibus, vinrent rompre l’uix et la chambre ou il gisoit et
par force le prinrent et le blessèrent jusques efusion de sang, et vituperissement l’emmenont quasi
comme tous nudz sans chaulce ne chemise senon d’un vilz abilement sur .I. malvais chevaulx. Et
faisoit si froit que a peu le bon seigneur ne fuit mort subitement et en celle faison l’emmenont a
Condé. Dieu scet les deshonneste parolles qui ly disoient et a ce faire estoit Willame de
Dompmartin, que depuis fut mort enragiez, et Waultrin de Thieulliere qui pareillement ait esté
pendu et astrangler et merito. Ilz le mirent en la plus deshonneste chambre de Condé ou il avoit
pour lui rechauffier plus fumiere que feu et la l’enserront et le mirent en garde au plus malvais
tirans villains du valz de faulz pour lui tousjours faire plus de desplaisir. Se fut rendu mal pour bien,
dont a tousjours serait fais mencion. Se l’evesque voult estre quité et delivré, il le convint tout quiter
et l’or et l’ergent qu’il avoit prester et avec ceu son obligation en aultres grosses somme d’or et
d’argent de quoy leurs bourse ne fuit gaire enflee, a son honneur et a leurs honte et confusion
perpetuelle. Il fuit depuis en grant volour de faire grant guerre au paiis de quoy il avoit bien
puissance car il heust plusseurs belle armee tant de ceulz de son sang comme d’aultre nobles et gens
de bien, et avoit ses plaice tres bien fourniez car c’estoit tousjours sa coustume de vivre de grande
provision. Maix il avoit tousjours en son couraige que la honte domaige et outraige que on luy avoit
fais ne mouvoit point du couraige du seigneur duc, ainsoy estoit par lez fault et sinistres rapport que
ceulx sy devant nommers lui avoient fais. Par ainsi ne fit point ceu que bien heu peu faire dont
plusseurs en dirent ceu que leurs pleust, l’ung en bien et l’autre autrement. Il heust depuis bon
5
accord au duc jusques a sa mort et lui pardonna son matallent a Taillebourg en Sainctenge ou
l’evesque estoit dever le roy Charle par son pourchas d’Espinal comme si devant est fait mencion.
L’evesque mis le siege
[f°27 v°] devant le chastel de Thieulliere que lui faisoit guerre et fut prins, ars et desmolu et y
estoient les gens de la duchié de Lorrenne, mais les plusseurs faisoient plus de faveur audit
Thulliere que a l’evesque. Il estoit si bien acompaignié des subget de son eveschié qu’il estoit
reconforté de tout. Il estoit prou et hardis de sa personne et de grant traveil et ne crendoit guerre une
maigre menasse. Ung capitainne de France appellé Joachin Roubaul estant a l’abbaie de Gorze
qu’est fondacions des evesques de Mets, vint assigier a grant nombre de gens d’armes le fort
mostier d’Ancey près de Mets. L’evesque fit son assemblee et en brief y tirait en personne avec ses
gens d’armes et les bourgois de son pays jusques a Montigney devant Mets ou il n’ait que une petite
liewe jusques Ancey, et le matin partit pour combaitre le siege. Ses gens et subget ne volient souffrir
que sa personne allait plus avant ou aultrement retourneriens tous, et bien envis les abandonnait ;
touteffois faire le convint. Ses8 gens tirent oultre en belle ordonnance tellement que le siege se levait
en desaroy et passont la ryviere de Mezelle nonobstant qu’il estoient troup fort de gens d’armes plus
que ceulz de l’evesque. Aucuns de Mets vinrent sependant que l’une des parties estoient en batailles
contre l’autre et parlementerent entre deux tellement que la chose fut pour lors appasantee a
l’onneur de l’evesque. Depuis par trahison ledit Joachin gaingnont ledit monstier ou il fit ung très
grant domaige. En l’an jubilé d’an, il s’en alla a Rome et la fut il par le Sainct Siege absolt de tous
ceu qu’il poioit avoir fais par fait de guerre et autrement, car c’estoit en soutenant le drois de son
eveschié : se il ne se eut deffandu, on ne li eust laissier pain a mengier, comme l’experiance se
demonstrait de plusseurs que guaire n’en gaingnont. Quant il fut retournés de Romme, il maintint
son pays en bonne paix et union avec ses voisins et fit puis maint biault raichat et edifiement par ces
villes et chastel et les fournis de tous biens de grans habondance. Il fit par toute les plaices de
l’eveschié une chose que par raison ne doit demouré en la plume, car quant il devint evesque il
n’avoit nulz meubles en ces dictez plaice au moins poc en y avoit, mais quant il
[f° 28 r°] voulloit aller de l’une a l’autre, il falloit panre es hostel de ses bourgois tout ceu qu’il
falloit pour l’estas, lictz, potz, pelles et generalment toutes autres besongnes a ceu servant, dont
plusseurs s’en perdoit par maullegarde ou aultrement, perquoy les pouvres en avoient très grand
dompmaige et encombriei. Il y ait donné remeide parquoy n’est ne serait jamaix necessité de ceu
faire, car par toutez lez villes et plaice de l’eveschié sont sy hautement fournie de tous riche meblez
que on ne sceis seigneur vivans qu’il en aye le pareil pour recepvoir en chascun lieu roy, duc et
conte avec leurs compaigniez. C’est une belle besongne, de quoy a chascun jours on prie pour luy et
8
Ceux de Joachim Rouhaut.
6
prierons a tousjoursmaix. Il ait fort amé son eveschiés et grandement tirer de l’avancier et il l’ait
bien monstrer car davant sa fin, doubtant que, sans la proveon d’un boin pastour aiant puissance de
la maintenir et garder il trespassoit de ce monde, elle poulroit estre en discord par don de pappe ou
election de chapitre, pourquoy poroit estre destruite comme plusseurs autres ont estee et sont encor
comme l’experiance fait monstree assés près, ait eslieu son coadjuteur le fil de noble marquis de
Baulde appellé par son nom George, qui ait empetré au Sainct Siege apostolique d’obtenir
l’eveschié après luy par consentement de chapitre et de tous les haulz hommes, nobles et aultres de
l’eveschié. Et en son vivans l’en mist en possession en recepvant le sermens de tous ceulx a qui il
appartenoit. Apres ceu fait, il fonda la chappelle episcopaulle qu’est en la grande esglise de Mets
laquelle il ait fait faire nuesve comme il appert et donnait or et argent manuelement a chapitre de
Saint Thiebal davant Mets pour acquester rentes et revenues pour y faire chascun jour le service
divin a tousjoursmaix en quoy ils sont obligier de ceu faire et de prier pour luy et tous ces
predicesseurs et successeurs après luy. Quant il heu pourveu son amme, il fit son ourdonnance et
dairienne volunté de ses biens mondains tant audit seignour George de Baulde son coadjuteur
comme ses amis charnel et aultres ses servant chascun selon luy tellement que tous furent très
contant de ly, aussi donnait de ses biens a plusseurs euglise et a aultre pouvre gens que chascun jour
prie pour luy. Il ne vol point que nulle des plaice de l’eveschié fuisse de rien desfournie de chose
quelconque qu’il fuit, tant vivre comme meubles, ainsy que chascune demorait ainsy fournie
[f°28 v°] comme elle estoient. Il fut environ XV jours au lit en la plus clere et belle memoire et en la
plus digne repentance que homme mortel puis avoir aians tousjours la glorieuse Vierge en sa bouche
et devant ses eulz, luy criant mercey de sy grant [fourenne ?] de cuer, et tousjours frerez courdeliers
et aultre gens d’Esglise a l’entour de luy et afferment tous ceulx que la estoient que ne virent onque
sy belle fin. On ne refusoit personne aller le veoir en la vie ne en la mort car ainsy le volt. Il regna
quarante quaitre ans evesque de Mets desoubz pappe Jehan, pape Martin, pape Eugene, Felix de
Savoye, pape Nicolais et pape Calixte, Sigismunde et Friedrich empereur et roy des Romains. Il
trespassa de ceu monde le vanredi XXe jours d’apvril l’an mil IIIIC cinquante nuefz et fuit
exellamment et a grans pleurs ensevelly en sa dicte chappelle. Prions Dieu le tout puissans que luy
faice graice et mercey et dont graice a celluy qui est de present, qu’il puisse tellement gouverné
parquoy son haul nom soit asaulsié et alever au proffit de son ame et de toute son eveschié. Amen.
7
Ressources liées
Filtrer par propriété
Titre | Libellé alternatif | Classe |
---|---|---|
Chronique française des évêques de Metz, jusqu'en 1459 | Manuscrit |